Actualité: Un livre édité en france, pas trés aimé du Québec!
On aura vraiment tout entendu ici c'est moi qui vous le dit
Se sentant victime d’« un papier complètement faux » empreint d’extraits « abusifs », l’auteure du livre controversé sur le Québec, qui sera retiré des tablettes de plusieurs écoles de Québec, soumet que la réalité qu’elle décrit est non seulement fondée, mais que ce sont plutôt les Québécois qui ont de la difficulté à accepter leur propre folklore.
« C’est un déni qu’il y a, a plaidé Émilie Gasc-Milesi, jointe en Suisse par Le Journal. J’imagine que venant de la part d’une Française, ce sera peut-être un peu choquant que moi je le dise. Si vous-mêmes vous n’êtes pas capable de le dire, enfin je ne sais pas comment le dire. »
Estomaquée par la controverse entourant son ouvrage publié en 2007, l’auteure de Kathryn, Sébastien et Virginie vivent au Canada, qui a habité au Québec pendant un an en 2005, affirme n’avoir rien à défendre.
Le but de son livre étant d’exposer le Québec à un public étranger, l’auteure clame mission accomplie. Si les réalités constatées dans le bouquin ne plaisent pas aux Québécois, cela aurait davantage à voir avec leurs propres traits culturels.
« Je pense que les populations qui ont été insécurisées, fragilisées par leur histoire propre, sont forcément plus réactives quand, d’un seul coup, on leur renvoie quelque chose », affirme-t-elle.
Cette dernière se questionne d’ailleurs à savoir si son bouquin — qui évoque un Québec où il tombe de 3 à 15 mètres de neige par année, où les habitants dansent régulièrement des sets carrés et usent tous de jurons — aurait suscité la même controverse s’il avait été écrit par une personne d’ici. « Franchement, je me pose la question, lance-t-elle. Et je vous la pose aussi. »
Livre « fondé »
Le contenu du livre est d’ailleurs fondé, défend l’auteure.
Les sets carrés? « Toutes les personnes d’un certain âge avec qui j’ai discuté en ont fait », affirme-t-elle. La « crème très grasse » qu’on se met sur le visage en hiver? « J’ai vu les pots de Vaseline que tout le monde achète pour se protéger du froid. »
« Je m’excuse, mais j’ai fait des épluchettes, poursuit-elle. J’ai mangé mon maïs. Je suis allée au bord du lac, j’ai fait du canot. J’ai envie de vous demander : pourquoi alors ça m’est arrivé? »
Cette dernière affirme qu’elle serait prête à venir au Québec « expliquer » son livre et « confronter nos préjugés respectifs » avec les enfants étudiant dans des écoles où les livres seront retirés. « C’était (un ouvrage) extrêmement affectueux, non pas dans le sens complaisant, renchérit-elle. Ça a été fait avec beaucoup d’estime. »
Des stéréotypes à pleines pages
Les Québécois font tous appel aux jurons, ne vivent que pour la poutine et dansent régulièrement des sets carrés: voilà comment on décrit les gens d’ici dans un livre aux propos farfelus qui se trouve dans près de 20 bibliothèques d’écoles primaires de la capitale depuis 2008.
Le livre Kathryn, Sébastien et Virginie vivent au Canada, publié chez l’éditeur de La Martinière, basé à Paris, est un livre pour les enfants du primaire. De la collection Enfants d’ailleurs, où on raconte divers récits sur des jeunes d’origines différentes, le livre raconte l’histoire de trois enfants appartenant aux cultures canadienne-anglaise, québécoise et autochtone.
Mais voilà, plusieurs des affirmations qu’on y trouve ont des allures de stéréotypes fondés sur des préjugés. Ainsi, Sébastien, un petit garçon de 11 ans habitant Montréal, emploie, « comme tous les Québécois », les termes « câlice », « baptême » et « tabernacle » dans ses échanges de tous les jours. Il use aussi, comme « tout le monde », du tutoiement, créant ainsi « une apparente convivialité très agréable ».
Les images des Canadiens anglais et des Autochtones ne sont guère plus factuelles. Kathryn, une jeune fille de Vancouver, porte toujours une clochette lors de sorties en forêt pour « avertir de son approche l’ours qui pourrait s’y trouver ». Quant à Virginie, une jeune Innue du Lac-Saint-Jean, elle court les pow-wow après avoir confectionné avec sa famille des « barrettes avec des perles », des « pendants d’oreilles et même des mocassins qu’ils vont vendre ».
Vérification faite, le livre, imprimé en 2007 et qui se vend environ une vingtaine de dollars, se retrouve dans quelque 18 écoles du territoire de Québec depuis 2008. Alors que la Commission scolaire de la Capitale (CSC) en possède huit dans différentes écoles primaires, la Commission scolaire des Premières-Seigneuries offre ce livre dans une dizaine d’établissements de son réseau. Toutes écoles confondues, leurs exemplaires n’ont été empruntés qu’à quatre reprises depuis leur achat, précise-t-on.
« Inacceptable »
« On va peut-être s’en servir pour aborder la thématique des préjugés avec les enfants, affirme le porte-parole de la commission scolaire, Jean-François Parent. Mais il ne faut pas que ça se retrouve entre les mains d’un enfant seul. »
Au moment de mettre sous presse, les éditions de La Martinière n’avaient toujours pas donné suite aux demandes d’entrevue du Journal, formulées depuis la semaine dernière.
L'auteur
Pas de politique uniforme d’achats
Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a pour sa part affirmé au Journal qu’il n’existait pas de directive ministérielle au sujet de l’achat de livres par les écoles et les commissions scolaires. Le MELS met toutefois à la disposition des écoles des suggestions de livres jugés de qualité, colligées dans une section intitulée « Livres ouverts ». Dans le cas présent, ce livre ne figurait pas dans la liste.
« La maman de Virginie travaille le soir au “dépanneur”, l’épicerie ouverte sept jours sur sept et tard le soir. Le matin, elle dort et n’a pas toujours le temps de préparer un bon déjeuner. Aussi, très souvent, pour le dîner, Virginie mange des saucisses et des patates frites. »
Pour nous joindre, discuter et échanger sur ce sujet ou un autre, visitez ce lien dès maintenant : http://quebecavecunq.monvisiocam.com/